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Les chiens peuvent-ils mentir ?



Mentir est une capacité qu’on a longtemps octroyée à l’humain seul. Cependant, depuis quelques années, des études en éthologie s’intéressent à la possibilité qu’ont certaines espèces animales de mentir. Et le fossé qui sépare l'intelligence humaine de l'intelligence animale se réduit au fur et à mesure qu'on découvre de surprenantes capacités chez l'animal. En l'occurrence, le meilleur ami de l'homme s'avère parfois être un filou !


La capacité à mentir nécessite de posséder un certain nombre de compétences cognitives, et ce n’est pas aussi évident qu’il n’y paraît ! Un enfant réalise ces apprentissages entre deux et cinq ans : c’est donc un processus lent, même pour une espèce comme la nôtre.

Nous savons déjà depuis plusieurs décennies que certains grands singes peuvent mentir. D’autres espèces animales sont aussi concernées, notamment chez les oiseaux, chez qui on a montré des capacités à tromper son entourage de manière plutôt surprenante et efficace. Par exemple, ils peuvent attirer d’autres animaux en simulant la présence de nourriture, pour au contraire les éloigner d’une véritable cachette.

Mais jusqu’alors, nous n’avions pas d’expériences qui viendraient ajouter le chien à la liste des animaux capables de mentir. Ce sont les travaux d’une scientifique de l’Université de Zurich, publiés dans la revue Animal Cognition, qui nous révèlent grâce à une expérience amusante comment le chien peut aussi être un fieffé menteur !


Comment le chien peut-il mentir ?

L’expérience réalisée sur les chiens teste leur capacité à mentir de manière stratégique : il est question de tromper un expérimentateur pour obtenir plus de nourriture. Pour le chien, il ne s’agit donc pas de mentir sur ses émotions, par exemple, mais plutôt d’agir directement sur le comportement d’autrui, dans son intérêt propre.

Ce protocole est intéressant car il teste également la nature coopérative du chien avec l’humain. La première étape consiste à entraîner la trentaine de chiens qui ont participé à l'étude. Deux expérimentateurs leur étaient présentés : l’un deux leur donnait généreusement des récompenses alimentaires, tandis que l’autre leur montrait la récompense pour ensuite la garder précieusement. Ainsi, les chiens déterminaient rapidement le « gentil » et le « méchant ».

Une fois cet entrainement effectué, la suite de l’expérience consistait pour le chien à guider l’expérimentateur vers trois boîtes : l’une contenant un aliment classique, une autre sa récompense préférée, et la dernière étant vide. Fidèles à leurs rôles, les expérimentateurs continuent à soit donner la récompense, soit au contraire la garder.

Très rapidement, dès le premier jour d’expérimentation, les chercheurs ont observé une tendance nette : les chiens attirent plus souvent que par simple hasard l’humain coopératif vers la boîte contenant de la nourriture.

Mais le deuxième jour, ils ont même commencé à amener moins souvent l’humain compétiteur vers la nourriture, et plus souvent vers la boîte vide. Ainsi, il s’agit bien d’un mensonge : le chien détourne volontairement l’attention du compétiteur pour maximiser ses chances d’obtenir de la nourriture.

Ces résultats sont intéressants à deux niveaux :

d’une part, ils montrent la capacité du chien à distinguer le partenaire coopératif du partenaire compétitif. D’autre part, ils montrent la capacité du chien à user de tromperie tactique pour maximiser ses gains.

En pratique, cela ne montre pas que le chien a conscience d’utiliser un mensonge. En effet, le chien n’a pas la notion de bien ou de mal : il agit en apprenant par essai-erreur, et ne conceptualise certainement pas tous les processus cognitifs qu’il utilise.

Ce type de mensonge est finalement très comparable à ce qu’on observe en pédiatrie, chez les jeunes enfants : ils mentent sans notion de moralité derrière le mensonge.

Il est donc intéressant de constater, encore une fois, comme une vision « blanc ou noir » de l’intelligence animale décrit mal la réalité : les chiens peuvent en effet mentir, même si leur compétence dans le mensonge est très différente de la nôtre, ou d’autres animaux.


Pourquoi le mensonge est-il si difficile pour les animaux ?

Pour un humain adulte, le mensonge est un acte généralement maîtrisé. Quand bien même la morale nous pousse à l’éviter autant que possible, nous mentons souvent sans même nous en rendre compte, avec une facilité étonnante. Pourtant, ce n’est pas une opération simple, au niveau cognitif.

En effet, le mensonge repose sur plusieurs concepts qu’il faut bien cerner pour comprendre sa complexité. En tout premier lieu, il s’agit d’une histoire de perception : chaque individu a une perception unique de la réalité, ce qu’on appelle en éthologie l’Umwelt.

Or, la première étape pour influencer la réalité perçue par autrui, c’est d’avoir conscience qu’elle est différente de la sienne : c'est la première difficulté. C’est un talent que l’on peut mesurer dans un autre contexte que le mensonge, puisqu’il s’agit simplement de percevoir ce que les autres voient ou non, en se mettant à leur place.

Une fois cette notion en tête, alors le menteur peut influer sur ce que l’autre perçoit pour le tromper. Cela demande un certain niveau d’abstraction, et donc un certain effort cognitif, ce qui représente la deuxième difficulté majeure.

En pratique, nous constatons des capacités variables chez les différentes espèces, cela dépend énormément de la motivation qu’ils ont à tromper (recherche de nourriture, défense ou survie, prédation, etc…).

Les capacités cognitives des animaux, et en particulier des chiens, n’ont pas fini de nous surprendre !




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